VENTE DU 2 DECEMBRE 2024 - SUCCESSIONS & A DIVERS

Jean-Baptiste GREUZE (Tournus, 1725 – Paris, 1805)
Autoportrait, vers 1785
Huile sur toile ovale.
61,5 x 51 cm

Incomparable dessinateur détaché du goût rocaille français qu’il juge trop frivole, Jean-Baptiste Greuze met l’accent sur la glorification de la sensibilité de ses sujets qui se doivent d’élever l’âme du spectateur. Reconnu pour ses scènes de genres,
il est aussi un talentueux portraitiste qui multiplie les commandes et se plaît dans la représentation d’enfants. Parmi ces figures, l’artiste réalise quelques portraits confidentiels, ses propres autoportraits. « Greuze, dit M. Lecarpentier, qui l'a connu, était de taille moyenne ; il avait la tête forte, le front très grand, les yeux vifs et bien fendus, une figure spirituelle. Son abord annonçait la franchise et l'homme de génie ; il était même difficile de ne pas dire : Voila Greuze, sans presque l'avoir vu. » (1).
Par essence, l’autoportrait n’exige pas de commande. Il s’agit d’œuvres personnelles et intimes exemptées de tout artifice, appréciées pour l’exercice psychologique qu’elles procurent. De cette production, l’histoire a retenu plus d’une dizaine de portraits de Greuze « par lui-même » réalisés tout au long de sa carrière.
En comparaison de la version conservée au musée du Louvre (inv. 5034) notre œuvre, inédite, pourrait être datée autour de l’année 1785. Greuze aurait alors environ 60 ans, il apparaît plus fragile et diminué mais son regard apaisé traduit une certaine confiance.
Cette dernière partie de la carrière de l’artiste laisse place à un traitement plus esquissé de ses sujets, l’artiste abandonne la précision des traits et des contours tout en accordant une place particulière dans l’utilisation de la couleur comme élément
d’expression des passions sur la toile. Notre autoportrait permet d’apprécier le minutieux travail mené sur la représentation fidèle des carnations par d’épaisses touches de roses tantôt brossées tantôt souples et enveloppées. Une attention particulière
est portée dans le traitement du visage et plus encore dans l’intensité psychologique de son regard serein.

(1) Charles Blanc « Étude sur Greuze » in L’Artiste Greuze sa vie et son œuvre Sa statue Le musée Greuze, 1868, p. 119.

30000/40000€